lundi 6 avril 2015

Le rêve de Laure



C’était complètement fou, je volais dans les airs sans savoir vraiment où aller. Les toitures de maisons étaient mon horizon et lorsque je planais dans toutes les directions c’était sensationnel. N’empêche que j’avais tout de même plein de problèmes à régler ce jour là et on m’avait donné l’adresse d’un super psychologue tellement renommé, que l’on faisait la queue devant son cabinet pour le consulter. J’aperçus de ma hauteur, le long chapelet que formaient tous ses clients, comment faire pour aller interroger ce manitou sans que cela me prenne le jour entier ? Je le voyais par transparence assis à son bureau, à l’écoute, sérieux, dodelinant de la tête, et donnant à chaque visiteur une ordonnance. Ces derniers repartaient le sourire aux lèvres, le pas léger et je les enviais de mon point de vue culminant. Sans réfléchir aux conséquences, je fonçais tête première vers la procession et fendant le plafond, j’atterris dans la file sans demander la permission. Des oh, des ah s’exclamèrent de toutes parts, voulant me faire comprendre leur indignation, les gens commençaient à me pousser du coude, à me bousculer vraiment, mais c’était sans compter sur ma force de persuasion, sur le sourire ravageur que je leur lançais, sur la volonté de fer que j’avais de rester derrière les quelques personnes proches du bureau du gourou.
Arriva très vite mon tour, et une fois en face de lui, je commençais à bafouiller, il faut dire que je n’avais pas vraiment prévu l’ordre de mes questions à lui poser, mais j’arrivai enfin à les lui formuler :
-        Rien ne va dans ma vie, mon mari ne me regarde plus vraiment, mes enfants sont constamment malades, mes finances sont catastrophiques, je ne fais que pleurer sur mon sort et…
D’un geste du bras, il me coupa très vite la parole, était-ce parce qu’il ne pouvait consacrer beaucoup de temps à ses patients ? Toujours est-il qu’il eu la même expression que je lui avais vu du haut du ciel, un air sérieux, la tête allant de droite à gauche, un doigt posé sur ses lèvres, en pleine réflexion… Il appuya ensuite sur quelques touches de son ordinateur placé face à lui, et sortit une feuille pleine de graffitis qu’il me remit. Sur cette ordonnance était noté le prix : 80 euros pour ce bout de papier… Je payais effarée du montant et étonnée que l’entretien se termine déjà, sans même un mot de sa part, je m’éloignai pourtant le sourire aux lèvres en lisant les quelques lignes qui composaient cette prescription. Tout en sortant de la pièce, croisant quelques regards courroucés de ceux que j’avais devancés, je flottais de nouveau dans l’air et repris mon envol jusqu’au prochain nuage où je pus détailler à loisir la liste de ce que je devais prendre pour remettre ma vie à l’endroit :
Prendre chaque jour
-        Du chocolat additionnée à du miel : 3 ou 4 carreaux
-        Un bon repas bien équilibré
-        Une sortie en amoureux avec l’homme de votre vie !
C’était exactement ce dont j’avais besoin…. 

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